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Publié : 6 mars 2010

Les mesures contre les Juifs en France

Dès l’été 1940, c’est une politique de répression et d’exclusion qui s’abat sur la France.

Les Juifs, les étrangers et les réfugiés (les Républicains espagnols qui avaient fui l’Espagne après la victoire de Franco) en sont les victimes.

Les mesures prises à l’encontre des Juifs viennent à la fois des autorités allemandes et de Vichy.

1940

  • Le 22/07 : Près de 7 000 Juifs se voient retirer la nationalité française.
  • le 27/09 : les Juifs doivent se faire recenser dans des commissariats ou dans des bâtiments officiels français.C’est la création du fichier Tulard. Un écriteau "Juif" est apposé devant les magasins tenus pas des Juifs.
  • Le 03/10 : Premier statut des Juifs promulgué par le gouvernement de Vichy. Il est valable pour les deux zones. Dans ce statut, on précise que les personnes dites juives sont "issues de trois-grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race si son conjoint lui-même est juif." Les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l’armée, de l’enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma.
  • Le 04/10 : Les étrangers de "race" juive peuvent être internés sur décision des préfets dans des camps spéciaux.
  • Le 07/10 : La nationalité française est retirée aux Juifs d’Algérie. Le même jour, en zone occupée, les Allemands procèdent à l’aryanisation des entreprises.

1941


  • Le 29/03 : Le gouvernement de Vichy crée le Commissariat général aux questions juives, chargé de veiller à l’application des lois relatives aux Juifs. Le premier commissaire est Xavier Vallat.
  • Le 13/05 : Les premières rafles de Juifs étrangers ont lieu en zone occupée. Elles sont organisées par la préfecture de Police, avec l’accord du gouvernement de Vichy et sur demande des autorités allemandes.
  • Le 02/06 : Deuxième statut des Juifs. La liste des professions interdites au Juifs s’allonge. Leur pourcentage ne peut excéder 3% dans l’enseignement universitaire et 2% pour les professions libérales. Ils sont exclus des professions commerciales et industrielles. Les préfets ont désormais le droit d’interner des Juifs français.
  • Le 21/07 : Le gouvernement de Vichy procède à l’aryanisation des entreprises juives en zone libre.
  • Entre août et décembre : Des Juifs étrangers et français sont internés en zone occupée.

1942


  • Le 27/03 : Le premier convoi de Juifs est déporté en centre de mise à mort.
  • Le 20/05 : Le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire en zone occupée.
  • Le 02/07 : Le gouvernement de Vichy (René Bousquet) et les autorités allemandes (Karl Oberg, "Chef suprême des SS et chef de la police") mettent au point les modalités de la collaboration des polices françaises et allemandes. La police française doit, notamment, organiser les rafles de Juifs.
  • Les 16-17/07 : La Rafle du Vel’ d’hiv est organisée à Paris (12 884 Juifs sont arrêtés).
  • Le 19/07 : La rafle prévue à Nancy est un échec car les policiers français ont prévenu les Juifs et ont réussi à en sauver plus de 350 sur 385.
  • 26-28/08 : Une série de rafles en zone libre aboutissent à la déportation de plus de 7 000 Juifs.

1943


  • Janvier : Une rafle est organisée à Marseille : 4 000 Juifs sont arrêtés. Le quartier du Vieux-Port est détruit.
  • Février : une rafle est organisée à Lyon.
  • Avril : Rafles de Nîmes et d’Avignon.
  • Septembre : Rafles de Nice et de l’arrière-pays niçois.

1944


  • Février : Rafles de Grenoble et de l’Isère.
  • 15/08 : Le dernier convoi de déportation part de Clermont-Ferrand.

Ce sont des familles entières qui se sont trouvées prises au piège. Fichées, surveillées, elles ont été privées de toute ressource et ne pouvaient compter que sur la solidarité de Français pour espérer survivre.

Cette solidarité s’est surtout exprimée lorsque les rafles ont commencé. Les lois antisémites n’ont en effet pas entraîné de réaction d’hostilité parmi la population française. Mais lorsque les Français assistent, impuissants, aux scènes déchirantes de ces familles entières arrêtées, femmes, enfants, malades, à la séparation des enfants et des parents, ils ne comprennent plus et pensent que cela va trop loin.

Le rapport établi par la police française en témoigne :

Extraits de rapports de la Préfecture de police sur la rafle du Vel d’Hiv (Vélodrome d’Hiver) à Paris

16 juillet 1942
 
_ A 7h30 : la police municipale signale 10 cars arrivés au Veld’ Hiv.
_ A 8h : l’état-major téléphone.
 
L’opération contre les Juifs est commencée contre les Juifs depuis ce matin à 4 heures. …
 
Dans les 20è et 11è arrondissements où il y a plusieurs milliers de Juifs, l’opération est lente.
 
_ A 9h : 4 044 arrestations.
_ 17 juillet 1942
 
Les mesures prises à l’encontre des Juifs ont profondément troublé l’opinion publique.
 
Bien que la population française soit dans son ensemble et en général antisémite, elle n’en juge pas moins sévèrement ces mesures qu’elle qualifie d’inhumaines : la séparation des enfants de leurs parents provoquent des réactions qui se traduisent par des critiques sévères à l’égard du gouvernement et des autorités occupantes.

Par cette politique de collaboration, le régime de Vichy a baffoué les droits de l’homme dont la France était le symbole depuis la Révolution française. Il s’est rendu coupable de crime contre l’humanité.