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Publié : 6 mars 2010

Le bilan

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Serge Klarsfeld
  • Serge Klarsfeld est à la fois avocat, historien, écrivain, militant. En 1943, son père est arrêté à Nice, déporté et tué à Auschwitz. Le reste de la famille parvient à échapper à l’arrestation car ils avaient aménagé un placard à double fond dans l’appartement.
Serge Klarsfeld a joué un rôle très important dans la diffusion de la mémoire de la Shoah,

dans la poursuite des criminels de guerre nazis et des responsables du régime de Vichy : Alois Brunner, Klaus Barbie, René Bousquet, Jean Legay, Maurice Papon et Paul Touvier.

Il a créé, avec sa femme, l’Association des fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF) afin de défendre la cause des enfants de déportés. Il est vice-président de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Dans le livre "Dites-le à vos enfants", Histoire de la Shoah en Europe, 1939-1945, qu’il préface,

Serge Klarsfeld livre le bilan de la Shoah en France.

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"Dites-le à vos enfants"
 
"Des 330 000 Juifs vivant en France en 1940, soit 190 000 Français et 140 000 étrangers, un quart a péri victime de la "solution finale".
 
Les déportés sont au nombre de 75 721. Les morts dans les camps en France, en particulier ceux de la zone libre avant la déportation, sont au minimum 3000. Les Juifs exécutés ou abattus sommairement parce qu’ils étaient juifs sont au minimum un millier.
 
Au total donc 80 000 victimes environ. Parmi eux environ 25 000 Français (dont 10 000 Français de souche) et 55 000 étrangers.
 
42 000 Juifs ont été déportés de France en 42 convois durant l’année 1942. En 1943, 17 convois ont emmené "à l’Est" 17 000 Juifs et, en 1944, 14 convois en ont emporté 15 000. Près de 2 000 autres Juifs sont partis par d’autres convois, en particulier ceux du nord de la France, via la Belgique.
 
La grande majorité des convois a abouti au camp d’Auschwitz, sauf quatre convois en mars 1943 qui ont été dirigés vers Maïdanek et Sobibor, et deux en 1944, l’un à Kaunas/Reval et l’autre à Buchenwald.
 
Il y a eu environ 2 700 survivants sur les 73 853 déportés des 74 grands convois. Plus de 11 000 enfants ont été déportés sans retour, dont environ 2000 âgés de moins de six ans.
 
En comparant le nombre des enfants juifs déportés à celui des adultes, on constate qu’en France l’effort des familles et des organisations juives comme l’OSE pour sauver les enfants a rencontré dans la population non juive une sympathie et une solidarité remarquables à partir de l’été 1942, au moment où les familles juives, et non plus seulement les hommes, devinrent la cible des rafles.
 
Si le gouvernement de Pétain et de Laval a abouti à une faillite morale et s’est déshonoré en participant activement à l’élimination d’un quart de la population juive, les survivants doivent en général leur salut non seulement à leur volonté ou à leur habileté à échapper aux arrestations, mais aussi à la solidarité que leur a témoignée une part importante de la population. Ils furent nombreux en France ceux qui se sont portés à leur aide, et le mémorial des Martyrs à Jérusalem les honore en leur décernant la plus haute distinction israélienne, la médaille des Justes."